Regard critique sur le Cinéma au Vietnam
Le cinéma au Vietnam existe bel et bien, même s’il reste méconnu en France. Les réalisateurs vietnamiens produisent des films qu’ils apprécient, malgré une qualité parfois inégale. Comme dans leur théâtre, ils cherchent avant tout à faire rire leur public.
En tant que professionnel du domaine, je porte un regard plus critique sur ces productions. Nos critères de qualité diffèrent et la profusion de transitions superflues nous dérange souvent.
Les réalisateurs ne respectent pas toujours l’esthétique du cadrage et les faux raccords entre les plans surprennent l’œil occidental.
Les zooms avant et arrière, les panoramiques interrompus brusquement, et les images qui disparaissent avant qu’on ne puisse distinguer leur contenu caractérisent ce style cinématographique particulier.
La caméra a dû attraper la bougeotte. Une fois le premier regard passé, on découvre une approche différente, sensible même. La qualité de l’image n’est pas la chose qui intéresse le public, il attend une histoire lui faisant oublier sa propre vie. Un peu comme pour nous, le cinéma doit faire rêver…
Les codes des séries de télévision au Vietnam
Les séries de télévision, respectent le même code, elles racontent des histoires d’aujourd’hui avec des acteurs connus. Ce sont souvent les mêmes personnes que l’on retrouve comme mannequins de haute couture, chanteurs de variétés ou présentateurs vedettes. Tout le monde, il est beau mais, il n’est pas toujours gentil… Et oui, il faut bien un méchant dans l’histoire!
Le cinéma est essentiellement tourné vers les nouvelles générations. J’ai été surpris par le faible nombre de clients qu’il y avait dans la salle. Lorsque c’est un film américain ou français, il y a encore moins de monde. On n’entend quasiment pas la musique, elle a été court-circuitée par la bande-son vietnamienne.
Dans ces cas-là, il vaut mieux éviter de se mettre au premier rang, car le traducteur crie et, surprise, une seule voix récite le texte des acteurs. Je ne suis même pas sûr que les Vietnamiens s’y retrouvent eux-mêmes. Le public préfère louer une mauvaise copie du film en VCD et le regarder en famille. Pour le prix d’une entrée de cinéma, ils peuvent en voir sept à la maison…
Les différentes chaînes de télévision financent la production de quelques films chaque année.
Les séries vietnamiennes
La véritable création vietnamienne est essentiellement télévisuelle. Les Vietnamiens adorent suivre ces séries et en parler entre eux. Tout y est très respectueux des traditions et il y a beaucoup de rebondissements.
Alors, si vous voulez voir le bisou, à contre-jour, que les amoureux se feront, il faudra attendre les derniers épisodes. Tout le monde sait ce qui va se passer mais, on continue de regarder avec délectation.
Je dois reconnaître que l’histoire de la petite campagnarde, qui monte à la ville pour devenir vendeuse de soupe, est parfois assez prenante. Il existe aussi des séries racontant des histoires de guerre et vantant l’héroïsme des valeureux combattants vietnamiens.
L’ensemble de ces séries est réaliste, elles dépeignent assez bien l’existence de tous les jours. Les réalisateurs tâtonnent et essayent d’aller un peu plus loin, chaque fois. Ils osent aborder avec délicatesse des sujets sensibles tels que la violence, la drogue, la prison, la pauvreté, le sida… Après s’être longuement voilé la face, le pays reconnaît avoir les mêmes problèmes que toutes sociétés modernes.
En le montrant, les réalisateurs sensibilisent davantage la population. Je déplore seulement que leurs sociétés de productions soient autant fermées, aux professionnels étrangers. Les entreprises françaises, qui sont tolérées, travaillent dans la publicité.
Séries et téléfilms asiatiques
La télévision vietnamienne diffuse une grande quantité de téléfilms provenant d’autres pays d’Asie. Certains pays remportent la préférence des Vietnamiens. Dans un ordre décroissant, on retrouve la Chine, Hon Kong, Taiwan et la Corée.
Les fans vouent un véritable culte aux acteurs chinois et hongkongais. Ils achètent constamment des photos, affiches et calendriers à l’effigie de leurs idoles. Ce phénomène témoigne de l’immense popularité des stars du cinéma asiatique, comme Jet Li, Bruce Lee ou Jackie Chan.
Les admirateurs collectionnent avidement ces objets pour rendre hommage à leurs acteurs préférés. Cette pratique alimente une industrie florissante de produits dérivés autour des célébrités chinoises et hongkongaises du grand écran
Dans des boutiques spécialisées, il est possible de louer des copies de ces séries. Elles sont de très mauvaises qualités mais le public en redemande.
Les Chinois produisent ses téléfilms à une vitesse déconcertante et les acteurs sont de vraies stars dans toute l’Asie. C’est dans ces mêmes boutiques que j’ai loué plusieurs films du cinéma coréen et je dois dire que je n’ai pas été déçu. Ma préférence allant vers les films du réalisateur Kim Ki-duk.
J’ai fait également d’étranges découvertes, dans ces mêmes boutiques. Mon épouse aime les films d’horreur, nous avons testé, dans ce domaine, le cinéma thaïlandais. En matière d’horreur, je n’ai pas trouvé mieux, c’est même extrêmement gore. Avis aux amateurs de chairs sanguinolentes et de tortures abominables, vous trouverez dans ce cinéma les choses les plus écœurantes.
Je vous rassure tout de suite, vous comprendrez les scènes sans avoir besoin de parler thaï. J’ai réussi à dégoûter Phuong de ce genre d’histoires. Je le pensais, du moins, jusqu’à ce que je la voie, cette semaine, regarder « les dents de la mer » à la télévision. Elle découvrait ce film pour la première fois. Amoureux du cinéma japonais, je suis resté sur ma faim depuis mon arrivée ici, les Vietnamiens n’aiment pas du tout ce cinéma.