Les occidentaux et la langue vietnamienne

Pour un Occidental, un long nez comme nous sommes appelés ici, la langue vietnamienne est difficile à comprendre et encore plus dure à prononcer. C’est une langue tonale et monosyllabique.

Malgré ses caractères romains, sa prononciation et son accentuation sont infernales.

Le même mot peut avoir vingt significations distinctes, en changeant simplement son articulation. Pour nos pauvres oreilles, c’est un vrai casse-tête et, pour notre bouche, une gymnastique de supplice.

En guise d’illustration, voici l’histoire savoureuse qui arriva, au début du siècle dernier, à deux prêtres occidentaux.

Eglise et maison de joie

Deux missionnaires, vivants depuis peu au Vietnam, eurent un soir cette étrange discussion. Le premier se plaignait que les gens du pays avaient une langue baroque. Quand vous parlez vietnamien, ils se mettent à rire. Si vous leur demandez pourquoi ils rient, ils se tordent à nouveau de rire.

Le prêtre expliquait que la veille, il se trouvait loin de sa paroisse. Il avait dû faire appel à un pousse-pousse. Le coolie lui demanda où il désirait se rendre. C’est tout naturellement qu’il indiqua l’église puis, il s’endormit au rythme des cahotements de la route.

Il se réveilla dans une grande cour et au moment de payer, il se retrouva entouré de très belles jeunes filles. Avec leurs magnifiques lèvres teintées de rouge, elles voulurent toutes, à tour de rôle, embrasser le pauvre curé. L’infortuné précisa même qu’une des filles lui montra ses « jambons » en soulevant sa belle robe de soie.

Le brave curé avait demandé à être conduit à l’église ( Nhà Thá»ï¿½ ) mais il avait prononcé « Nhà Thố », ce qui veut dire maison de joie… Le deuxième prêtre, un peu sourd, a voulu commenter l’anecdote. C’était parfait, il y avait même du jambon… Vous avez dû vous régaler!