Le Vietnamien : la langue nationale du pays
La langue vietnamienne est la langue officielle du pays.
C’est en 1651 que le père jésuite Alexandre de Rhodes, né à Avignon, écrivit le premier dictionnaire annamite-portugais-latin.
Ce fut une véritable révolution car, jusque là, la langue s’écrivait en caractères chinois et transcriptions phonétiques. Du chinois elle ne devait garder que le vocabulaire philosophique, religieux, administratif et technique.
L’origine de cette langue se perd dans la nuit des temps, gardant des racines grammaticales khmères et thaïs. En se romanisant, elle se détachait un peu plus de l’emprise culturelle chinoise et se rapprochait de l’occident.
En 1906, l’enseignement du Quốc Ngữ fut obligatoire dans les écoles et devient la langue nationale vietnamienne en 1919.
Dans tout le Vietnam il y a une forte différence de prononciation. L’écriture est uniformisée mais les accents changent suivant qu’on se trouve au nord, au centre ou au sud du pays. La langue possède six accents distincts mais certaines régions ne les distinguent pas tous.
Cela entraîne des situations cocasses et alimente des jeux de mots dont les Vietnamiens sont amateurs. Rajoutons à cela qu’il existe plus de 50 minorités ethniques, dans le pays, et dont chacune parle son propre dialecte incompréhensible des autres vietnamiens.
Noms français au Vietnam
Tout ceci explique qu’il est souvent difficile de se faire comprendre et de deviner ce peuple bienveillant. Heureusement tout se termine par des rires. Lorsqu’on cherche une adresse, on s’expose à bien des difficultés, si on n’a pas pris la précaution de se faire noter le nom de la rue sur une feuille.
Nous n’arrivons pas à nous faire comprendre et nous ne comprenons pas mieux ce qui nous est expliqué.
La plupart des noms français ont bien sûr disparu de Ho Chi Minh Ville, mais quelques rares subsistent. En consultant le plan, vous découvrez quatre patronymes célèbres : les rues Pasteur, Calmette, Alexandre de Rhodes et Yersin.
Les Vietnamiens considèrent Louis Pasteur comme un grand bienfaiteur. Albert Calmette inventa le vaccin de la tuberculose et Alexandre Yersin rendit des services inestimables au pays. Il fonda Dalat, introduisit les hévéas et découvrit le vaccin de la peste bubonique.
Quant au quatrième nom, c’est celui du père jésuite qui, au XVIIéme siècle, romanisa la langue du pays au corps de dragon. Un autre problème se pose, sous le soleil de plomb, au chercheur occidental.
Ces mêmes noms de rues sont drôlement numérotés. C’est un sujet à part entière, qui nécessitera bien une autre page alors, si vous le permettiez nous reviendrions sur le sujet une autre fois. Le plus persévérant des marcheurs a besoin de s’assoir à l’ombre d’un arbre centenaire et d’y méditer sur le temps qui passe…
Les occidentaux et la langue vietnamienne
Pour un Occidental, un long nez comme nous sommes appelés ici, la langue vietnamienne est difficile à comprendre et encore plus dure à prononcer. C’est une langue tonale et monosyllabique.
Malgré ses caractères romains, sa prononciation et son accentuation sont infernales.
Le même mot peut avoir vingt significations distinctes, en changeant simplement son articulation. Pour nos pauvres oreilles, c’est un vrai casse-tête et, pour notre bouche, une gymnastique de supplice.
En guise d’illustration, voici l’histoire savoureuse qui arriva, au début du siècle dernier, à deux prêtres occidentaux.
Eglise et maison de joie
Deux missionnaires, vivants depuis peu au Vietnam, eurent un soir cette étrange discussion. Le premier se plaignait que les gens du pays avaient une langue baroque. Quand vous parlez vietnamien, ils se mettent à rire. Si vous leur demandez pourquoi ils rient, ils se tordent à nouveau de rire.
Le prêtre expliquait que la veille, il se trouvait loin de sa paroisse. Il avait dû faire appel à un pousse-pousse. Le coolie lui demanda où il désirait se rendre. C’est tout naturellement qu’il indiqua l’église puis, il s’endormit au rythme des cahotements de la route.
Il se réveilla dans une grande cour et au moment de payer, il se retrouva entouré de très belles jeunes filles. Avec leurs magnifiques lèvres teintées de rouge, elles voulurent toutes, à tour de rôle, embrasser le pauvre curé. L’infortuné précisa même qu’une des filles lui montra ses « jambons » en soulevant sa belle robe de soie.
Le brave curé avait demandé à être conduit à l’église ( Nhà Thá»ï¿½ ) mais il avait prononcé « Nhà Thố », ce qui veut dire maison de joie… Le deuxième prêtre, un peu sourd, a voulu commenter l’anecdote. C’était parfait, il y avait même du jambon… Vous avez dû vous régaler!