Dans le bouddhisme, La croyance dans les vies futures justifie-t-elle qu’on accepte avec suffisance l’injustice sociale ? La loi du karma montre-t-elle qu’il faut fermer les yeux sur l’oppression ? Le souhait d’atteindre le nirvana impose-t-il d’ignorer les maux de ce monde et de ne rechercher que la béatitude de la libération ?

Non, aux trois questions…. Ceux qui comprennent mal le bouddhisme peuvent se livrer à de fausses interprétation du genre : « puisque la réincarnation existe, les pauvres auront d’autres occasions d’être plus à l’aise, alors pas la peine que je leur vienne en aide maintenant » ou « Les opprimés ont dû créer du karma négatif pour subir un résultat pareil, et j’irais m’ingérer dans leur karma si j’essayais de remédier à la situation critique qui est la leur » ou « la souffrance est inhérente à l’existence cyclique.

Il n’y a rien à faire, donc je m’occuperai de ma pratique spirituelle uniquement sans tenir compte des maux du monde »… De telles idées témoignent d’une fausse compréhension du karma et du nirvana… L’amour et la compassion pour les autres sont des principes bouddhistes essentiels, et agir en accord avec eux conduit à la libération.

La souffrance dans le monde est due au karma, mais nous pouvons toujours aider à l’arrêter ou à la limiter. Bien que le bonheur durable ne soit pas possible dans l’existence cyclique, nous devons tout de même essayer de faire décroître la souffrance grossière et d’apporter un bonheur relatif.

En fait, l’engagement dans l’action sociale peut faire partie des moyens de conduire les autres sur la voie du dharma. Les gens ne peuvent certainement pas méditer s’ils ont faim. Travailler à leur donner à manger met fin à leur souffrance grossière et les met en contact avec des personnes qui ont bon cœur.

Bouddhisme vis-à-vis des projets pour le bien-être social ?

Ils sont nécessaires et c’est très bien. En tant que bouddhistes, nous essayons de cultiver l’amour et la compassion pour les autres au niveau mental, mais ceci doit s’exprimer en actes également.

Le dalaï-lama a souvent fait remarquer que les bouddhistes peuvent s’instruire de l’exemple de compassion active donné par les chrétiens qui s’engagent dans des projets visant au bien-être de communauté.

Fonder des écoles, des hôpitaux, des maisons de retraite, des services de conseil et de distribution de nourriture pour ceux qui sont dans le besoin est directement bénéfique aux autres.

Mais quand nous sommes engagés dans ce travail, nous devons nous garder de l’esprit partisan, de l’orgueil et de la colère. Ce sont à la fois notre attitude intérieure et nos actes qui doivent servir le bien des autres. Les gens ont des tempéraments et des talents différents, et donc pratiqueront le dharma de manières diverses.

Certains se concentreront sur l’étude et les enseignements, d’autres travailleront à se rendre utiles à la société, d’autres encore accorderont plus de place à la méditation. Bien que tous les bouddhistes n’aient pas le goût de l’action engagée dans la société, ceux qui l’ont peuvent pratiquer le dharma dans ce contexte.