Les Grandes Religions au Vietnam
Les plus anciennes religions au Vietnam incluent le bouddhisme Mahayana, le confucianisme et le taoïsme (appelé la religion « triple » ou giáo tam). Plus tard, au cours des derniers siècles, l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme Theravada et des minorités importantes d’adhérents au catholicisme romain, au Cao Dai et au Hoa Hao, ainsi que des petites minorités de protestants, apparaissent dans le pays.
La majorité des Vietnamiens se considèrent comme non-religieux. Cependant, ils visitent les temples religieux plusieurs fois par an. En outre, leurs attitudes et comportements quotidiens sont dictés par la synthèse des philosophies inspirées de nombreuses religions. En particulier, le bouddhisme Mahayana, le confucianisme et le taoïsme influencent cette synthèse.
Ces religions ont coexisté depuis des siècles au Vietnam. Elles se sont parfaitement mêlées à la tradition vietnamienne du culte des ancêtres et des héros nationaux. Cette fusion explique pourquoi les Vietnamiens éprouvent des difficultés à s’attribuer une religion précise.
Bouddhisme mais pas seulement
Plus de 80 % des Vietnamiens disent êtres bouddhistes, en fait quand on creuse un peu, on découvre une mosaïque de croyances, de magie et de superstitions.
Le tout s’entremêlant joyeusement sans poser de problèmes majeurs à ceux qui pratiquent ces cultes. Depuis très longtemps, le peuple du dragon vit dans une conception vertueuse et mystique de l’univers. Souvent les familles ont puisé dans les pratiques religieuses ce qui les rassurait et l’a transmis à leurs descendants. Les enfants copient les gestes rituels de leurs parents qui les tiennent aussi de leurs parents…!
Lorsque l’on visite un temple du quartier chinois les symboles et représentations de plusieurs religions se marient curieusement. Je suppose que chacun y prend ce qui lui convient. Chaque fois que j’en parle avec un ami vietnamien, cela m’attriste. Les réponses sont sans consistances. On répète inlassablement quelques idées transmises dans la famille mais, de la doctrine, il ne reste pas grand-chose…
Si l’on veut comprendre les cultes pratiqués au Vietnam il faut étudier la consistance de la matière qui a façonné ce peuple. Depuis des siècles, ils baignent dans le respect du culte des ancêtres, du bouddhisme, du confucianisme et du taoïsme. À ces cultes, se rajoutent ceux des religions moins représentées : Christianisme (Catholiques et protestants), Islam, Hindouisme, Caodaïsme et croyances des minorités ethniques.
Apport de chaque religion
En se plaçant sur un plan purement philosophique, on peut soulever un coin du voile. Le bouddhisme apporte les vertus primordiales de la non-violence, de la persévérante, du renoncement, de la tolérance et de l’attendrissement.
Le confucianisme enseigne l’image de l’homme bon qui s’améliore de jour en jour, tout en respectant la société et la famille. Le taoïsme permet de voir l’univers sous l’influence du yin et du yang.
La vie devient comme une quête permanente de l’équilibre en chaque chose. Les génies tutélaires sont là pour protéger et faire respecter ces lois. Vus sous ces angles, les croyances et les comportements des Vietnamiens sont plus compréhensibles pour un Occidental. Effectivement, en vivant avec eux, les Vietnamiens me sont apparus comme animés par une alliance ces concepts.
J’aurais l’occasion de reparler des croyances minoritaires mais, je voudrais d’abord vous faire partager ce que le touriste ne peut pas voir.
Le Bouddhisme Vietnamien
Le bouddhisme est arrivé au Vietnam dès le 2ème siècle. Il est entré par le nord de l’Asie centrale et par des routes du Sud de l’Inde. Les Vietnamiens de souche suivent principalement l’école Mahayana. Cependant, certaines minorités ethniques, comme les Khmers Krom, adhèrent à l’école bouddhique Theravada.
Cette religion a entretenu au Vietnam une relation symbiotique avec le taoïsme, la spiritualité chinoise et vietnamienne et la religion indigène. La majorité des pratiquants bouddhistes vietnamiens se concentre sur les rituels de dévotion plutôt que sur la méditation.
Bien que certains croient que les différentes écoles du bouddhisme soient incompatibles, au Vietnam, les disciples pratiquent différentes traditions sans problèmes ou contradictions. Même si le bouddhisme vietnamien n’a pas de structure centralisée forte, sa pratique reste similaire dans tout le pays et dans presque tous les temples.
Les Traditions du Bouddhisme Vietnamien
Au Vietnam, la méditation n’est pas une pratique quotidienne et fréquente. En revanche, la pratique la plus courante et essentielle dans le bouddhisme vietnamien est le gain des mérites. Les adeptes croient que la libération prend effet avec l’aide des bouddhas et des bodhisattvas.
Les moines bouddhistes chantent couramment des sutras. De plus, ils récitent les noms des bouddhas, notamment celui d’Amitabha. Ensuite, ils font des vœux de pénitence et prient pour la renaissance dans la terre pure.
Le Sûtra du Lotus et le Sûtra Amitabha sont les plus couramment utilisés. La plupart de ces textes religieux sont arrivés de Chine et ont été traduits en sino-vietnamien (Han-Viet). Cela les rend assez incompréhensibles pour la plupart des pratiquants.
Le bouddhisme vietnamien consiste en trois services pratiqués régulièrement à l’aube, à midi et au crépuscule. De plus, ces services incluent principalement les sutras de dévotion, la récitation de dharanis et du nom de Bouddha, et enfin le rite de la circumambulation, une marche de méditation.
Les laïcs rejoignent parfois les services au temple. Certains bouddhistes fervents accomplissent leurs cultes à domicile. Les services spéciaux, tels que Sam Nguyen et Sam Hoi (la confession et la repentance), se font chaque mois à la nouvelle lune et à la pleine lune. L’un de ces rites consiste à chanter le nom de Bouddha pour se repentir et purifier le mauvais karma.
Le Grand Véhicule (Mahayana)
Le grand véhicule (Mahayana) est arrivé au pays du dragon avec des moines et des pèlerins chinois. Son enracinement dans la population remonte au IIe siècle de notre ère. Tout au long de son parcours en Inde, au Tibet, au Népal et en Chine, ce bouddhisme s’est enrichi de nombreux bouddhas, bodhisattvas et divinités secondaires. Les Vietnamiens les appellent « Bouddhas anciens » et leur vouent un culte assidu dans de nombreuses pagodes. Ces pagodes sont facilement reconnaissables par la grande statue de Quan Thế Âm Bồ Tát, la déesse de la miséricorde, plus connue sous le nom de Bouddha femme, à leur entrée.
Lieu de Pratique du Bouddhisme au Vietnam : Les Pagodes
Les bouddhistes vietnamiens pratiquent leur culte dans des pagodes, entretenues par des bonzes en robes de couleur safran. Les temples sont des sanctuaires dédiés à des esprits tutélaires ou à des héros sanctifiés.
Des employés de la ville tiennent ces lieux, selon la tradition confucianiste. En outre, dans le quartier chinois, on trouve les divinités du panthéon chinois, comme le Roi du ciel et la Dame céleste, des génies et esprits protecteurs, et même Ho Chi Minh.
Bouddhisme Vietnamien et Kung Fu
Une vieille tradition veut que certains moines s’exercent encore au Kung Fu pour mieux canaliser leurs énergies et fortifier leur corps. Je n’ai pas eu l’occasion d’en voir, mais de nombreuses pagodes abritent des clubs d’arts martiaux.
Les enfants qui désirent pratiquer ont accès à ces centres d’entraînement. Par ailleurs, les jeunes vietnamiens apprécient beaucoup les clubs. En effet, les organisateurs recrutent parmi eux les adolescents qui animent le dragon.
Chaque année, au moment du Têt national, les clubs d’arts martiaux s’affrontent dans des joutes d’adresse et d’équilibre. Les meilleurs pratiquants entrent dans la peau du dragon et animent son corps, pour la plus grande joie des spectateurs.
Le bouddhisme au quotidien : L’autel de divinité
Au cœur de la majorité des maison, les Vietnamiens pratiquent des cultes très anciens. Au centre du foyer, il y a bien sûr l’autel des ancêtres. Vouer un culte aux aïeuls, c’est un peu comme les garder auprès de soi et s’assurer leur protection.
C’est l’une des plus anciennes pratiques rituelles. Elle est fortement influencée par le confucianisme et présente même dans des foyers catholiques.
En hauteur se trouve l’autel des divinités les plus importantes, elles peuvent varier selon les maisons. En forte majorité, on retrouve Bouddha (Sakyamuni), son épouse et souvent le Général rouge.
Guan le pourpre était un général chinois avec une barbe noire et un visage rouge. C’est un guerrier déifié du panthéon chinois, il a repoussé les hordes des envahisseurs mongols. Beaucoup de Vietnamiens lui vouent un culte, il est considéré ici, comme un génie, très puissant, protecteur du pays.
Extérieur de la maison
À l’entrée de la maison une petite stèle marque le culte des gardiens du Seuil. Devant l’entrée de nombreux temple, ils sont représentés par des lions ou des griffons menaçants. Au seuil du foyer, ils sont destinés à protéger l’entrée. À l’extérieur de la maison, certains Vietnamiens installent un petit autel, pour prier la lune, les vents et éloigner les âmes errantes.
Intérieur de la maison
Retournons maintenant à l’intérieur de la maison. Au raz du sol, se trouve un petit autel très important. On y retrouve deux divinités protectrices : Lao-tseu (ce n’est pas le terme vietnamien) et un Bouddha ancien, avec petite moustache, barbichette et ventre rebondi. Ils protègent la famille, apportent prospérité et bonheur à ceux qui les prient.
Parfois, on retrouve à cet endroit un petit crapaud vert avec des yeux couleur rubis, c’est la représentation d’un génie terrestre, il apporte richesse et santé. Dans la cuisine, on retrouve l’autel pour le culte du foyer. Il assure la protection du feu et des aliments utilisés pour nourrir les hommes.
Le prier assure aux personnes, vivant sous ce toit, de quoi manger chaque jour. Des offrandes sont présentées aux divinités, génies et esprits protecteurs. Ils en puiseront l’énergie vitale et les habitants du foyer en mangeront l’enveloppe physique…