Dernière mise à jour : 28 octobre 2025
Au cœur du Sri Lanka, le Pic d’Adam – ou Sri Pada – se dresse comme l’un des lieux les plus sacrés du sous-continent asiatique. Culminant à plus de 2 240 mètres, cette montagne attire chaque année des milliers de pèlerins bouddhistes, hindous, musulmans et chrétiens. Tous viennent y vénérer une mystérieuse empreinte de pied gravée dans la roche au sommet.
Pour les bouddhistes, il s’agit de l’empreinte laissée par le Bouddha lors de sa visite sur l’île ; pour d’autres, ce serait celle d’Adam, du dieu Shiva ou de saint Thomas. Ce lieu unique symbolise ainsi la rencontre entre les croyances et la quête universelle de la vérité.
À retenir
- Le Pic d’Adam (Sri Pada) se situe au centre du Sri Lanka et atteint 2 243 mètres d’altitude.
- Les bouddhistes y voient l’empreinte du Bouddha ; les musulmans, celle d’Adam ; les hindous, celle de Shiva.
- C’est un site de pèlerinage interreligieux fréquenté depuis plus de mille ans.
- Le chemin vers le sommet comporte plus de 5 000 marches et s’effectue souvent de nuit pour assister au lever du soleil.

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1. Origine du nom et signification religieuse
a) L’empreinte du Bouddha
Dans la tradition bouddhiste du Sri Lanka, la montagne est appelée Sri Pada, littéralement « le pied sacré ». Selon la légende, le Bouddha aurait visité l’île lors de son troisième voyage après l’éveil.
Au sommet, il aurait laissé l’empreinte de son pied droit dans la pierre pour bénir le peuple cinghalais.
Cette marque symbolise la présence bienveillante du Bouddha et son enseignement sur la compassion universelle. Le site est mentionné dès le Ve siècle par le chroniqueur bouddhiste Fa-Hsien, qui décrit déjà un pèlerinage populaire.

b) L’empreinte d’Adam
Les musulmans et les chrétiens identifient le même rocher comme étant l’empreinte du premier homme, Adam, chassé du paradis. Selon cette interprétation, il aurait posé le pied sur la montagne après son exil du Jardin d’Éden.
Le nom « Adam’s Peak » s’est imposé à l’époque coloniale avec les explorateurs européens.
Pour les croyants, ce sommet marque ainsi le point de départ de l’humanité et la possibilité du repentir. Cette lecture fait du lieu un symbole de réconciliation entre la chute et la rédemption.
c) La perspective hindoue
Pour les hindous, le sommet est associé au dieu Shiva et à son empreinte, appelée Sivanolipadam. Dans cette version, le mont est un lieu d’énergie divine où Shiva manifeste sa puissance créatrice.
Les pèlerins hindous gravissent la montagne pour honorer la divinité et méditer sur l’unité du cosmos.
Cette pluralité de lectures illustre la richesse spirituelle du Pic d’Adam, où plusieurs religions se rejoignent dans la vénération d’un même symbole.
2. Le pèlerinage vers le sommet
a) Un parcours initiatique
L’ascension du Pic d’Adam se fait généralement de nuit pour atteindre le sommet au lever du soleil. Le sentier, long de sept kilomètres, est ponctué de marches abruptes et de haltes où les pèlerins prient et se recueillent.
Au sommet, un sanctuaire protège l’empreinte sacrée sous un petit pavillon.
Lorsque le soleil se lève, son ombre triangulaire se projette sur la vallée, offrant une vision considérée comme bénie par de nombreux fidèles. Ce moment symbolise la victoire de la lumière sur l’ignorance.

b) Une expérience interreligieuse
Chaque année, des milliers de pèlerins de toutes confessions montent ensemble, souvent dans le silence, parfois en récitant des mantras ou des prières.
Les bouddhistes offrent des fleurs et des lampes à huile ; les musulmans prononcent des versets du Coran ; les hindous déposent des guirlandes et des offrandes.
Cette coexistence pacifique fait du Pic d’Adam un lieu rare où la diversité religieuse se vit comme une fraternité spirituelle.
3. Le Bouddha et le Sri Lanka : un lien ancien
a) Les voyages légendaires du Bouddha
Les chroniques du Mahāvamsa rapportent que le Bouddha aurait visité le Sri Lanka à trois reprises. Son troisième voyage l’aurait conduit au sommet du Pic d’Adam, où il aurait imprimé son pied en signe de bénédiction.
Cette empreinte, visible dans la roche, est entourée d’un pavillon de pierre.
Pour les Cinghalais, elle confirme la vocation spirituelle de leur île, considérée comme un refuge pour le Dharma. Le site est aussi associé à l’arbre Bodhi d’Anurādhapura, issu d’une bouture de l’arbre sous lequel le Bouddha atteignit l’éveil.
b) Le symbole de la montagne
Dans le bouddhisme, la montagne incarne la voie spirituelle : chaque marche gravie représente un progrès vers l’éveil. Gravir le Pic d’Adam, c’est affronter les limites du corps et de l’esprit pour atteindre la clarté du sommet.
Ce pèlerinage devient une métaphore de la transformation intérieure : quitter la plaine des désirs pour s’élever vers la compréhension du réel.
4. Un patrimoine mondial et écologique
a) La nature préservée
Le Pic d’Adam se situe dans une région montagneuse couverte de forêts tropicales et de cascades. La biodiversité y est exceptionnelle : on y trouve des espèces endémiques comme le léopard du Sri Lanka et plusieurs variétés rares d’orchidées.
Le site fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2010, non seulement pour sa valeur spirituelle, mais aussi pour sa richesse naturelle.
La montée nocturne, éclairée par les lampes à huile, renforce le caractère mystique du lieu.
b) Un symbole d’unité spirituelle
Aujourd’hui, le Pic d’Adam demeure un lieu de dialogue entre les traditions. Bouddhistes, hindous, musulmans et chrétiens y trouvent chacun un sens propre, mais partagent la même dévotion silencieuse.
Dans un monde souvent marqué par les divisions religieuses, cette montagne rappelle que la quête de vérité et de paix dépasse les frontières des croyances.
Elle incarne l’idée que le sacré peut unir plutôt que séparer.

5. Un héritage vivant
Le pèlerinage du Pic d’Adam illustre la dimension universelle du bouddhisme : une spiritualité sans exclusivité, ouverte au dialogue et à la coexistence.
Qu’il s’agisse de l’empreinte du Bouddha ou de celle d’Adam, le message reste le même : chaque pas vers le sommet est une avancée vers la sagesse, la compassion et la reconnaissance de l’unité du vivant.
