Le bouddhisme parle beaucoup d’impermanence, de mort et de souffrance. Cette façon d’aborder la vie n’est-elle pas malsaine et pessimiste ?

Le mot « souffrance » n’est pas une traduction exacte du mot pali ou sanscrit dukkha. Le mot dukkha a la connotation de vécus peu satisfaisants. Il signifie que tout n’est pas complètement merveilleux dans nos vies.

Bien que la plupart d’entre nous n’aient pas l’impression de souffrir tout le temps, nous conviendrons que tout n’est pas parfait dans nos vies. Même quand nous sommes relativement heureux, rien ne garantit que les choses continuent à bien aller. Un petit incident peut venir changer toute notre expérience, C’est ce que signifient vécus peu satisfaisants, dukkha ou souffrance.

Le Bouddha n’a fait que décrire notre situation présente. Donc il était réaliste, et non pessimiste. Quand il décrivait cet état de choses, c’était pour nous aider à chercher les moyens de nous en délivrer.

Si nous contemplons l’impermanence, la mort et les expériences d’insatisfaction, ce n’est pas pour nous déprimer ni pour bannir toute joie de notre vie. Non, notre but est de nous débarrasser de l’attachement et des attentes qui sont des leurres. Emotionnellement, si cela nous fait peur ou nous déprime de penser à ces réalités, c’est que nous ne les contemplons pas correctement.

Méditer sur ces sujets devrait rendre nos esprits calmes et lucides, en affaiblissant notre envie d’attraper les choses et en dissipant la confusion que l’attachement crée dans nos vies.

A présent, notre esprit est vite submergé par les projections fausses de l’attachement. Nous voyons les êtres et les objets dune manière irréaliste. Les choses changent d’instant en instant, mais elles nous apparaissent constantes et immuables. C’est pourquoi nous sommes bouleversés quand elles s’arrêtent.

Nous pouvons bien dire :  » Toutes ces choses sont impermanentes », nos paroles ne concordent pas avec notre opinion foncière qui considère, à tort, notre corps et ceux que nous aimons comme immuables. Cette idée irréaliste nous fait souffrir, car nous attendons des choses et des gens ce qu’ils ne peuvent donner. Ceux que nous aimons ne peuvent vivre indéfiniment; une relation ne reste pas la même; la voiture neuve ne sera pas toujours le modèle tout brillant qui vient de sortir de la vitrine d’exposition.

Alors, nous sommes perpétuellement déçus quand nous devons nous séparer des personnes dont nous nous soucions, quand ce que nous possédons se casse, quand notre corps s’affaiblit ou vieillit. Si nous nous faisons une idée plus réaliste de ces choses et si nous acceptions leur impermanence, non pas seulement en paroles mais de cœur, il ne nous viendrait pas ce genre de déceptions.